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Un voyage, une épopée ! Partie 1

Modifié le 21/10/2024 par SYLVIE PETIT

Image de Freepik

De Paris à la Calabre : Un voyage inoubliable !!

Il est minuit, et je n’arrive toujours pas à dormir ! Je me retourne et retourne dans mon lit, rien à faire, Morphée ne m’accueille pas dans ses bras. Alors, avec beaucoup de délicatesse, je prends mon téléphone et je mets la luminosité au plus faible pour ne pas réveiller mon mari qui partage ma vie depuis presque 30 ans. Téléphone en main, je vais sur les réseaux sociaux et après avoir scrollé pendant un bon moment, je tombe sur une page avec une photo d’un vieux compartiment de train. Et là, un million de souvenirs ressurgissent. Je suis envahie par une émotion intense, plein d’images apparaissent devant mes yeux. Une douce sensation traverse mon corps, je pars dans mes pensées et mes yeux se ferment.

_ Maman, maman, c’est bientôt qu’on part en vacances !

_ On part dans 2 semaines ! Et j’ai encore beaucoup de choses à faire ! Ne reste pas dans mes jambes !

_ Maman, c’est long 2 semaines, encore, pourquoi les valises sont déjà prêtes ?

_ Elles ne sont pas prêtes, je les prépare, je dois penser à prendre les affaires de tout le monde, de ton père, de tes deux de frères et de ta sœur pour 1 mois !

_ Et pas les miennes ?

_ Évidemment les tiennes aussi, elle me sourit et me caresse la tête.

Quand j’étais petite, partir en vacances, c’était pour moi une grande aventure ! À la maison, on en parlait au moins 2 mois avant, c’était Le Grand Voyage, le moment que tout le monde attendait, car on allait retrouver toute notre famille, nos tantes, nos oncles, nos cousins et nos cousines, et surtout aller à la mer, se baigner, profiter du soleil !

Ces deux mois étaient très longs pour nous, mais surtout pour ma mère qui devait penser à tout, jusqu’à prévoir tous les cadeaux pour chaque membre de la famille. Ces cadeaux étaient attendus, car la misère était encore bien présente, dans tout le sud de l’Italie. Abandonné par le Nord, le Sud devait s’en sortir par ses propres moyens. Malgré cette pauvreté, la joie n’a jamais quitté le cœur des Calabrais ! Un rien les rendait heureux. Alors mes parents, c’était un peu « le Babbo Natale* » avant l’heure !

Voir ma mère préparer les bagages, nous mettait tous dans un état de surexcitation. Partir en train était pour nous une épopée. Je vous avoue que ma mère avait bien du mal à nous tenir. Toutes ces préparations la rendaient malade, mais avec du recul, je pense que surtout, c’était de gérer ses 4 enfants qui excités comme des puces ne lui laissaient aucun moment de répit !

Enfin, voilà le jour J, le jour temps attendu, le jour du départ !

_ On se dépêche, il ne faut pas perdre de temps, il faut partir ! Si on arrive en retard, le train ne nous attendra pas ! Allez-vous mettre dans la voiture pendant que je charge les bagages ! Ne cessait de répéter mon père.

On montait tous les 6 dans la voiture, une Renault 8. Je vous avoue qu’à l’époque, elle me semblait grande, mais en la voyant aujourd’hui, j’ignore comment 4 enfants tenaient à l’arrière de cette voiture ! Toujours est-il que l’on partait vers 13 heures, alors que le train ne partait qu’à 19h30. Pourquoi partir si tôt ? Sachant qu’à cette époque, il n’y avait pratiquement pas de bouchons. Mon père craignait toujours qu’il arrive quelque chose sur la route et prenait une marge de sécurité. Mais pour sa défense, il devait d’abord nous déposer à la Gare de Lyon puis partir dans Paris pour laisser la voiture dans un garage d’un ami et nous rejoindre en métro. Nous voilà donc à la Gare de Lyon, vers 14h30, il fallait attendre, attendre …, dans cette gare qui me paraissait immense ! Je me souviens qu’il y avait beaucoup de monde, beaucoup de bruit, une espèce de frénésie, c’était un jour de grand départ. On attendait sous le tableau d’affichage, et je me souviens encore de ce bruit incessant des lettres et des chiffres qui se modifiaient !! Les heures ne passaient pas, le temps semblait suspendu !

Après ces longues heures d’attente, à 19h00 le train rentrait enfin en gare. Le voyage allait commencer ! Le train s’appelait le PALATINO, c’était un rapide qui faisait Paris – Rome : départ : 19h30 – arrivée à Rome : 9h30. Billets en main, mon père se dirigeait vers notre wagon ! Présentation des billets au contrôleur pour que nous puissions monter. Et nous voilà devant notre compartiment, comme nous étions 6, le compartiment était pour nous seuls ! Dès que nous avions franchi le seuil, des négociations entre nous commençaient pour savoir dans quelles couchettes nous allions dormir. Il est 19h30, le train quitte la gare lentement, ça y est le voyage commençait réellement. Au revoir Paris !

Installés dans le compartiment, nous attendions le passage du contrôleur, qui venait prendre les billets et les passeports pour la douane. Vers 20h30, nous partions rejoindre le wagon-restaurant. Il s’agit d’un vrai restaurant et non d’un wagon grill comme aujourd’hui ! Je me souviens de cette ambiance très particulière, un côté chic. Très peu de tables, le train qui roule, des lumières tamisées ! Un vrai menu avec des plats faits sur place, des serveurs. Je pense que mes souvenirs sont un peu erronés car j’étais très jeune. Mais parfois, aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir mangé dans le wagon-restaurant de l’Orient express !! C’était un vrai moment de bonheur, on mangeait en regardant les paysages défiler sous nos yeux. Pour la petite fille que j’étais, c’était vraiment magique !

Après le repas, nous retournions à notre compartiment en traversant tout le train qui était très long. Des draps, des couvertures et oreillers avaient été déposés par le contrôleur. On s’organisait pour faire les couchettes et le moment de passer au lit arrivait, même si nous n’avions pas sommeil, car nous étions toujours aussi existés. Les longues heures attente dans la gare n’avaient pas eu raison de nous. Installé dans nos couchettes, on regardait le paysage défiler. Dans la nuit, nous passions la douane à Chambéry, et ensuite venait la traversée du tunnel du Montblanc où nous basculions en Italie. Le matin, alors que nous n’avions presque pas dormi, nous allions prendre le petit déjeuner au wagon-restaurant avec une odeur magnifique de viennoiserie cuite sur place ! De retour à notre wagon le voyage Paris – Rome était presque terminé, 9h30 nous voilà à Rome et tout le monde descend.

Encore une longue journée nous attendait, mais nous étions toujours aussi excités, la fatigue ne nous avait pas encore assaillie, 4 enfants à attendre sur un quai où la chaleur étouffante régnait dès le matin. Assis sur des grands bancs en marbre noir, il nous fallait patienter jusqu’à 20h. Nous étions à Rome, nous avions fait plus de la moitié du chemin ! Plus personne ne parlait français. Enfin l’Italie ! Cette journée allait être longue et épuisante !

*Le père Noël

Suite au prochain Article !

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